ENGINEERINGNET.BE - A cette occasion, Bernard Charlès - employé chez Dassault Systèmes depuis plus de 40 ans - a passé le flambeau de PDG à Pascal Dalloz. En tant que Président Exécutif du Directoire de Dassault Systèmes, Charlès reste quand même très proche des affaires.
Désormais, il se concentrera sur l'aide à tracer la voie de croissance de la R&D de l'entreprise. «En 1997, nous passions de la 2D à la 3D en CAO.»
Plus tard, la plate-forme a suivi, le cloud s'est ouvert à de nombreuses opportunités et l'accent a évolué du ‘produit’ vers ‘l'expérience’ qui non seulement simule la conception mais visualise également l'ensemble du cycle de vie.
L'intelligence artificielle
Il appelle l’intelligence artificielle l’avenir du design. L’IA connecte la modélisation et la simulation. Mais «nous le faisions déjà il y a dix ans pour un projet de défense ultra secret», déclare Charlès en restant muet sur le sujet. Il souligne cependant la puissance de nouveaux univers dans lesquels, par exemple, des objets virtuels - comme les jumeaux numériques - peuvent être fusionnés avec des environnements numérisés.
Dassault Systèmes propose un service d'aménagement d'espace intérieur 3D en ligne avec HomeByMe. L'IA générative est un élément essentiel de l'ensemble de la plate-forme. Ces nouvelles expériences de conception par IA seront livrables d'ici la fin de l'année dans toutes les applications de conception de Dassault Systèmes.
«La 3D ne convient plus», reconnaît Gian Paulo Bassi, vice-président senior de 3DEXPERIENCE Works. «Désormais, avant la fabrication d’un produit, tous les aspects de la vie réelle seront pris en compte.» Depuis le milieu de l'année dernière, chaque licence SolidWorks s'accompagne d'un accès aux services cloud de la plate-forme; ils permettent des simulations multi-physiques et donc une virtualisation jusque dans les moindres détails.
Les deux versions de SolidWorks continueront d'exister Manish Kumar, PDG de SolidWorks, expliquait comment cela se décline. Il signalait également que les deux versions de SolidWorks continueront d'exister, à côté et sur la plate-forme. Il annonçait également un partenariat avec CADENCE - logiciel d'IA pour la construction et l'analyse de PCB et de semi-conducteurs - qui offrira désormais aux utilisateurs une solution électromécanique et collaborative intégrée.
«Sans couture et évolutive.» Elle sera lancée en juillet 2024. D'ici la fin de l'année, 3D Mechatronics Creator sera également livrable sur la plate-forme. Draftsight Creator, un outil de CAO en 2D et en 3D sera également un nouveau produit proposé en plate-forme. L'année dernière, SolidWorks a lancé l'outil gratuit MakeByMe. Il est destiné aux constructeurs de meubles à faire soi-même et il est désormais utilisé par plus de 130.000 fabricants ayant créé plus de 600.000 modèles différents.
«Avec ces modèles, nous avons construit un nouvel outil d'IA générative.» Toute une liste de clients/utilisateurs a été passée en revue. Nous en mettons un en lumière ici.
Avalez un drone
Le californien Endiatx présentait son endoscope virtuel, le Pillbot. Cette capsule en plastique que le patient avale a actuellement un diamètre de 13 mm, mesure 30 mm de long et pèse 3 g. Une caméra visionne à travers la tête en polycarbonate transparent. La structure interne de la pilule, réalisée à l’aide de SolidWorks, est un squelette imprimé en 3D entouré d'un circuit imprimé flexible.
Sur ce dernier sont greffées les différentes fonctions électroniques. Dans la moitié inférieure de la capsule se trouvent trois orifices derrière lesquels des conduits mènent chacun à un micromoteur à hélices. Pendant que le médecin regarde les images de la caméra en direct - elles apparaissent sur le moniteur via une liaison radio - il commande les moteurs à l’aide d’un contrôleur qui ressemble à celui d'une PlayStation. «Dans une prochaine itération, la pilule pourrait circuler de manière autonome dans l'estomac», déclare Christopher Green, chief business officer.
«Nous envisageons une commercialisation début 2026.» Le Pillbot devrait remplacer une gastroscopie/endoscopie et raccourcir drastiquement ce procédé. Le patient reçoit d’abord quelques verres d’eau à boire, puis avale la pilule. Pendant environ 15 minutes, la pilule ‘nage’ ou ‘flotte’ dans l'estomac sous le contrôle du médecin, et prend des images. Des lumières LED éclairent. Un système gyroscopique assure une direction stable.
À bord, une mini batterie de 4 V; elle alimente la caméra, la radio et les moteurs pendant 30 minutes maximum. «Le médecin utilise des repères dans l’estomac. Aucun autre équipement n'est requis. Le but est de contrôler la pilule aussi précisément que possible, efficacement et avec le moins de mouvements possible. Le médecin devient très vite un véritable ‘pilote de drone’.»
Miniaturisation et télémédecine
Le défi initial était de miniaturiser la pilule. La tout première mesurait environ 10 cm. Dans les itérations suivantes, la longueur se réduisait systématiquement. Les deux coques moulées par injection sont remplies manuellement, pressées ensemble et collées. Des revêtements biocompatibles sont encore à l'étude. «Aujourd'hui, le défi est de transmettre les images avec un minimum de puissance», explique Green. La caméra fixe située à la partie supérieure de la pilule a une résolution de 480 x 480 pixels et filme à une cadence de dix images par seconde.
«Économique. Prêts à l'emploi.» Des techniques de compression d'images réduisent le flux de données. Ces dernières sont envoyées à un ordinateur, à un moniteur via radio et à un dongle (réutilisable). Les images peuvent y être stockées et visualisées encore plus en ‘profondeur’. L'on parle de LoRa pour un jour faire de la télémédecine. Les premiers essais sur l'homme auront lieu en Nouvelle-Zélande au printemps.
«Afin de démontrer que la technologie est sûre et générer rapidement des revenus.» Endiatx souhaite à terme vendre sa pilule en gros aux hôpitaux majors. «Ils préfèrent éviter les procédures invasives requérant l'anesthésie des patients, afin de pouvoir scanner davantage de patients plus rapidement.»
Vers le Lab-on-Chip
Dans la prochaine version, un ‘laboratoire sur puce’ micro-fluidique sera intégré. La pilule produira non seulement des images mais analysera également les sucs gastriques vivants. Dans une troisième version, la pilule sera équipée d'outils chirurgicaux pour intervenir activement très localement; comme par exemple pour retirer des polypes.
«Dans la prochaine génération, la pilule pourra également effectuer des recherches sur les intestins.» Pendant ce temps, la miniaturisation se poursuit. Dans un avenir beaucoup plus lointain, les gens rêvent déjà de ‘drones micro-chirurgiens’ beaucoup plus petits et qui sait, effectueront un jour une opération du cerveau. Ah oui. Encore une chose. À la fin du voyage, la ‘pilule jetable’ disparaît dans les toilettes ...
«L'empreinte écologique de notre pilule est à peine un millième de celle d'une gastroscopie classique», affirme Green, qui souligne que la pilule une fois utilisée ne doit pas être récupérée ni lavée, désinfectée ou stérilisée par l'hôpital. Cela se décline par des économies d’eau, de matériaux et d’énergie. Le risque de contamination d’un patient par un autre est également inexistant.