ENGINEERINGNET.BE - Jean-François Collet, chercheur à l’Institut de Duve de l’UCLouvain et investigateur au WEL Research Institute, et son équipe, étudie depuis plus de 20 ans la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Son laboratoire a démontré que le mécanisme de défense des bactéries, longtemps attribué à une seule couche, repose en réalité sur la coopération des trois couches qui composent leur enveloppe.
Concrètement, lorsqu’une bactérie est attaquée (par un antibiotique par ex.), elle implose. Pour résister à ces attaques, les bactéries construisent des fortifications comportant plusieurs lignes de défense.
Une de ces lignes de défense, appelée peptidoglycane, forme une structure rigide, sorte de squelette extra cellulaire.
Jusqu’à récemment, le consensus était que le peptidoglycane, une sorte de mur rigide entourant la bactérie, suffisait à lui seul à lui permettre de résister aux agressions de l’environnement.
À l’image d’un squelette maintenant l’intégrité d’un corps, le peptidoglycane était considéré comme la couche essentielle évitant l’implosion de la bactérie, notamment en cas d’attaque par des antibiotiques.
Or, les scientifiques de l’UCLouvain viennent de découvrir qu’en réalité, ce consensus, répandu depuis des décennies, n’était pas entièrement correct.
Le peptidoglycane est, certes, important mais il n’a pas la fonction qu’on lui accordait jusqu’ici. Jean-François Collet et son équipe ont observé qu’il faisait partie d’un mécanisme plus large impliquant les 3 couches de défense, et que c’est l’ensemble du système qui protège les bactéries de nombreux antibiotiques. Un fonctionnement qui s’applique à la moitié des bactéries aujourd’hui connues.
Comprendre comment les trois couches coopèrent constitue un changement de paradigme majeur, qui bouleverse la compréhension des mécanismes défensifs des bactéries.
Cette avancée permettra aux scientifiques du monde entier d’appréhender sous un jour nouveau cette défense des bactéries et ainsi de mettre au point de nouveaux antibiotiques perturbant l’enveloppe bactérienne.
Jean-François Collet: «Mieux on connaît nos ennemis (dans ce cas-ci, les bactéries) et ses moyens de défense, mieux on peut les attaquer ou déjouer leurs systèmes de défense.»