Motivation et technologie

La Covid 19 a-t-elle définitivement changé nos méthodes de travail ? Le télétravail va-t-il devenir la norme et dans quelles conditions ? Les entreprises continuent à étudier la question. Le télétravail à plein temps n’enthousiasme pas les Belges.

Mots clés: #hybride, #Robert Walters, #télétravail

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( Photo: Robert Walters )

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ENGINEERINGNET.BE - La Belgique est entrée en mars 2020 dans une période de confinement. Le télétravail est devenu la norme à partir de cette date. Les chiffres publiés par le moniteur du télétravail en février 2021 montrent clairement que cette pratique est en train de s’imposer. Plus de 47% des salariés flamands travaillent un ou plusieurs jours par semaine à domicile.

C’est la proportion la plus élevée sur sept mois. Depuis décembre 2020, leur nombre a augmenté de près de 4%. Si la part du télétravail à plein temps a diminué de 0,5% en février pour revenir à 31,3%, elle est supérieure de 4,4% par rapport à décembre 2020. On relève quelques écarts régionaux. Plus développé dans la région Bruxelles-Capitale, le télétravail à plein temps (69,8%) a progressé de 9,4% par rapport à janvier 2021. En Flandre occidentale (16,9%), le télétravail est moins développé, même si les chiffres sont orientés à la hausse. 

Espace de travail partagé  
En septembre 2021, le cabinet international de recrutement Robert Walters est arrivé à des résultats comparables à partir des données fournies par plus de 5.000 salariés établis dans 31 pays. « Un Belge sur trois souhaite se rendre au bureau deux jours par semaine et télétravailler les autres jours. Le télétravail à plein temps ne séduit que 7% des salariés », précise Julide Tunali, Senior Manager Engineering Division. « Nombre de salariés (38%) déclarent que le contact avec leurs collègues leur manque et plus de la moitié (63%) qu’ils préfèrent les entretiens en face à face. C’est pourquoi, ils veulent se rendre plusieurs jours par semaine au bureau. » 

Une étude menée par Barco (juin 2021) parle de 1,5 jours de télétravail et de 3,5 jours de présence au bureau. Le télétravail à plein temps ne nous inspire pas, mais nous ne voulons pas non plus revenir à l’époque précoronavirus. « Nombre d’entreprises se livrent à un travail de réflexion sur la mise en oeuvre d’un modèle hybride. Il est très probable que des entreprises autorisent le télétravail à temps partiel lorsque la situation le permet », selon Tunali. Chez Robert Walters, le travail hybride s’est déjà imposé.

« Nos collègues télétravaillent quelques jours par semaine. L’appli. Teams leur permet de rester en contact. Nous avons également passé au crible les espaces de travail : comment les adapter au travail hybride ? Nous tentons d’affecter davantage d’espace à la détente et à la socialisation. En maintenant de la sorte l’esprit d’équipe à un niveau optimal. Les horaires flexibles sont également envisageables : travailler une heure à domicile avant de se rendre au bureau permet d’éviter l’heure de pointe matinale. »

Transition numérique  
Entre-temps, un nombre croissant d’entreprises ont opté pour le télétravail. S’il constituait à court terme un moyen de lutte efficace contre la propagation du coronavirus, le télétravail occupe désormais une place de choix dans l’organisation durable et pérenne du travail. Même si au départ, nombre d’entreprises n’y étaient pas préparées. En effet, le télétravail impose un changement de paradigme, soulève de nouveaux défis et nécessite d’autres aptitudes. Les entreprises se sont vues rapidement contraintes de faire un grand bond numérique et technologique.

Mais, cette transition ne s’est pas déroulée partout sans accroc selon une étude menée par le Groupe Ricoh en juin 2021. L’incohérence de certains investissements en technologie affaiblit la motivation des salariés. Près de la moitié (51%) pense même que leur entreprise a numérisé les processus à l’instigation de clients ou partenaires, mais sans considération pour les besoins réels. L’étude menée par Barco en témoigne aussi. Selon 40% des salariés, leur entreprise n’aurait pas investi dans des technologies propices à une hybridation porteuse de la relation de travail.

Si l’on en croit Ricoh, l’implémentation d’outils numériques entre autres n’aurait aucunement réduit la charge de travail. Au contraire, 25% des salariés pensent même qu’elle a augmenté. Leur employeur ferait pression pour qu’ils restent plus longtemps en ligne. Les salariés sont aussi préoccupés par la sécurité en ligne, 34% ont peur de partager des fichiers avec des personnes malveillantes et 26% pensent que leur employeur utilise ces technologies pour le contrôler leurs prestations à domicile.

David Mills, CEO de Ricoh Europe, est surpris : « Après plus d’un an de télétravail, la motivation des salariés continue à faiblir en raison des défis technologiques et communicatifs. Par ailleurs, l’expérimentation est insuffisante. La phase la plus importante consiste à identifier les solutions technologiques indispensables et capables d’engendrer un impact maximal. »

« Nombre d’entreprises se livrent à un travail de réflexion sur la mise en oeuvre d’un modèle hybride, »  Julide Tunali (Robert Walters)   

Place centrale du salarié  
Comme le révèle l’étude de Robert Walters, d’autres salariés considèrent que la transition numérique leur impose un nouveau défi. Près de 28% sont soucieux de leur bien-être mental, comme en attestent l’insertion de pauses régulières et le respect de délais plus réalistes. Plus de 40% font un meilleur usage des technologies, applis et autres logiciels. Imputable aux appels vidéo et aux présentations, l’amélioration de la communication d’entreprise en convainc plus de 32%.

Un salarié sur trois environ en a profité pour améliorer ses aptitudes technologiques et pour suivre des formations propices au développement de ses connaissances. Les ingénieurs n’ont pas vécu cette transition comme une révolution. « En règle générale, les ingénieurs sont rompus à l’automatisation et à la numérisation. Ils se sont adaptés sans difficulté à l’évolution rapide des méthodes de travail. Même si les technologies se substituent souvent à la main-d'œuvre, il faudra continuer à se salir les mains dans les ateliers », observe Tunali.

« Aujourd’hui, nombre d’entreprises sont confrontées à la cybercriminalité et à la présence de bogues sérieux dans leurs systèmes. Les pertes de production, d’énergie et de temps qui en découlent démotivent aussi le personnel. Revers de la médaille technologique : les entreprises doivent investir dans la sécurisation de leurs installations et résoudre leurs problèmes technologiques en optant pour des solutions de plus en plus pointues. »

À l’écoute des salariés  
Selon Barco, les entreprises qui, lors de l’implémentation de technologies et l’aménagement des lieux de travail sont à l’écoute de leurs salariés, en récolteront les meilleurs fruits. Cette étude révèle que les salariés expriment de nouvelles attentes lors de leur retour sur leur lieu de travail. Outre la flexibilité, ils prônent la liberté de choix en matière d’applications numériques. Mais certains écarts sont perceptibles.

Ainsi, les baby-boomers préfèrent le face-à-face, mais continuent à se servir de leurs portables, les milléniaux optent pour un espace de travail hybride et la génération Z apprécie davantage le travail au bureau que les cadres supérieurs. Pour les employeurs, créer un lieu de travail n’est pas une sinécure. Le temps des solutions passe-partout est révolu. Désormais, le nouveau lieu de travail s’articule autour du salarié.