Faut-il décarboner l’industrie pour résoudre la pénurie de talents?

La transition écologique et la pénurie de talents sont sans doute deux les plus grands défis. La décarbonation pourrait en effet améliorer considérablement l’attractivité des entreprises industrielles auprès des jeunes ingénieurs les plus qualifiés.

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( Photo: studioworkstock - 123RF )

ENGINEERINGNET.BE - Et si la solution à la pénurie de talents était dans l’écologie? Cette idée parait incongrue et pourtant, la crise climatique semble jouer un rôle dans les difficultés qu’ont certaines industries à recruter.

A l’heure où les plus jeunes et plus diplômés comptent également parmi les franges de la population les plus sensibles aux enjeux écologiques, les entreprises engagées dans la décarbonation de leur activité pourraient bien gagner en attractivité auprès des candidats.

Une prise de conscience écologique chez les plus diplômés
En avril 2022, lors de la cérémonie de remise des diplômes de la prestigieuse école d’ingénieurs AgroParisTech, huit jeunes ingénieurs ont appelé leurs camarades à «déserter» les industries participant aux «ravages écologiques en cours» et à «bifurquer» vers des activités plus durables.

Une prise de parole qui a initié un débat chez les jeunes diplômés mais aussi chez les recruteurs. Cette promotion d’ingénieurs agronomes est-elle représentative d’une tendance plus globale chez les candidats les plus qualifiés? Se pourrait-il que l’impact écologique des entreprises soit en passe de devenir un élément clé de leur marque employeur?

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), dans l’ensemble des pays du monde, le niveau d’étude est fortement corrélé à la conviction d’une urgence climatique. En moyenne, ce sont ainsi 58% des personnes ayant suivi des études supérieures qui soutiennent les politiques de lutte contre la crise climatique, contre 42% pour les personnes moins diplômées.

Une tendance qui devrait encore s’accentuer, car l’âge est également un facteur déterminant: 83% des Français de moins de 18 ans considèrent la crise climatique comme une urgence, contre 68% des plus de 60 ans. Les personnes les plus jeunes et les plus diplômés sont donc statistiquement les plus engagées contre la crise climatique. La prise de position des jeunes ingénieurs appelant à «bifurquer» n'est à ce titre pas surprenante et bien représentative d’une tendance de fond.

Décarboner l’industrie: un choix stratégique de long terme
Dans de nombreux secteurs industriels, réduire l’empreinte carbone des processus productifs est un chantier considérable dont la rentabilité n’est pas évidente à court terme. Mais sur le long terme, de nombreux facteurs plaident pour une décarbonation à marche forcée. En premier lieu l’existence de technologies combinant performance environnementale et performance économique, notamment celles permettant d’améliorer l’efficacité énergétique des infrastructures.

Les fortes turbulences sur les marchés des énergies fossiles ensuite, qui ont vu les prix du gaz et du pétrole exploser en quelques mois, et que la raréfaction des ressources pourrait bien accentuer. Mais également la nécessité de recruter de jeunes ingénieurs en quête de sens et de plus en plus attentifs à l’impact social et écologique de leur métier.

Dans ce contexte, les entreprises réduisant efficacement leur empreinte carbone gagnent un avantage concurrentiel décisif en favorisant fortement l’acquisition de compétences stratégiques et de talents qui œuvreront pour accélérer encore leur transition écologique. Un cercle vertueux qui donnera un ascendant déterminant aux entreprises qui s’engageront le plus tôt dans cette voie.

Pour gagner la course aux talents, il s’agira donc de se lancer dans un autre défi bien plus important encore, celui de la transition écologique de l’industrie.