ENGINEERINGNET.BE - Jochen Köckler, directeur de la Deutsche Messe AG à Hanovre, a replacé l’importance du salon dans le contexte des développements (géo)politiques rapides et les points suivants: une croissance économique de près de 3% aux Etats-Unis avec son fameux ‘Inflation Reduction Act’, supérieure à celle de l’UE qui se situe à 0,4%. La Chine a réussi à atteindre une croissance de près de 5%. L’Allemagne, où l’industrie est en difficulté, reste la troisième plus grande économie au monde, juste devant le Japon.
L’incertitude géopolitique de l’année électorale écoulée a entretemps connu un retournement. Il y a eu une conférence sur la sécurité à Munich, des ‘clarifications’ de la part de l’administration Trump, et la conférence de Riyad entre les Etats-Unis et la Russie. La Chine réagit au ‘ralentissement’ économique en subventionnant son industrie. Elle dispose désormais de produits de qualité équivalente à ceux de l’UE. Aux Etats-Unis, cela va sans doute se traduire par une imposition des droits de douane à l’importation. « La situation géopolitique devient plus claire. » En Allemagne aussi. Avant que le salon n’ouvre ses portes, des élections auront lieu qui, espérons-le, apporteront plus de clarté.
La Foire de Hanovre permet d’accéder à des solutions, des nouveautés techniques et des opportunités de concurrence à l’échelle mondiale. Cela demande de l’innovation. Il s’agit toujours d’automatisation, d’électrification et de numérisation. La Foire de Hanovre est un salon commercial horizontal, de la haute technologie pour les composantes de l’industrie. Le salon attire des participants du monde entier - 4.000 entreprises/exposants de 150 pays et 130.000 visiteurs – et est une plateforme pour fixer les agendas politiques. « La Foire de Hanovre rassemble les individus. »
Trois grands thèmes tirent le salon : l’IA dans l’industrie, la fabrication intelligente et l’hydrogène. « L’intelligence artificielle n’est pas un produit mais une technologie permettant de produire plus efficacement. » Des masterclasses sur l’IA auront lieu le jeudi 3 avril dans les halls 13 et 17. Il y aura un ‘AI Tour’ auprès d’exposants spécialisés dans l’IA et un espace pour les PME qui pourront passer un ‘AI readiness test’ et voir dans quelle mesure elles sont prêtes à intégrer l’IA dans leur fonctionnement.
La fabrication intelligente continue de faire l’objet d’une attention constante. Au Robotics Application Park (hall 6), plus de 30 exposants montreront comment des solutions innovantes intégrant des robots peuvent faire la différence dans les applications d’automatisation et de logistique. Une ligne de production de cellules de batteries fonctionnelle sera exposée. Plus de 500 exposants se focalisent sur la production, le stockage et le transport, l’utilisation et l’intégration de l’hydrogène dans nombre d’applications, de la stabilisation des réseaux d’électricité à la production d’un acier vert.
Pays partenaire: le Canada
Le Canada a participé à la dernière édition avec 83 exposants et est présent cette année avec plus de 240 exposants. La chargée d’affaires Evelyne Coulombe indique que les préparatifs ont commencé il y a deux ans et demi. « Notre présence au salon vise à montrer que nous restons un partenaire fiable en ces temps de changement. » L’accent est mis sur les chaînes de valeur vertes, numériques et résilientes : l’automatisation, la robotique, les technologies propres, la numérisation, l’IA, la e-mobilité, l’informatique quantique. « Nous voulons présenter les entreprises canadiennes au monde entier et le Canada comme pays d’investissement. »
« Le Canada, c’est bien plus que des ‘moose’ (élans), des ‘mountains’ (montagnes) et des ‘mounties’ (police montée) », lance Jayson Myers, CEO de Next Generation Manufacturing Canada (NGen). « C’est aussi un hub pour l’IA, l’informatique quantique, les matériaux avancés, la robotique, les solutions d’énergie alternatives. » Le salon n’est pas qu’une vitrine de technologies, il permet aussi de faire des affaires. L’année dernière, les participants canadiens ont généré 70 millions de dollars de revenus via le salon, d’après Jayson Myers. Un beau succès. Le salon permet la mise en réseau pour trouver des partenaires.
Les technologies sont nécessaires car l’IA, l’informatique quantique, les matériaux, les solutions d’énergie alternatives, etc., changent la manière dont l’industrie manufacturière fait des affaires. « Les produits deviennent des plateformes de données. » L’IA évolue notamment vers des produits et des processus autonomes. « Le salon permet d’apprendre les uns des autres et de savoir comment les changements technologiques modifient l’environnement de production. »
Evelyne Coulombe ajoute que depuis la conclusion de l’Accord économique et commercial global de 2017 entre l’UE et le Canada, le commerce bilatéral avec l’Allemagne a connu une croissance de 44%. « Il y a eu plus d’investissements vers et depuis l’Allemagne au cours des 20 derniers mois qu’au cours des 20 dernières années. » Depuis 1971, il y a également un protocole d’accord sur la coopération dans le domaine des sciences et de la technologie. « Nous nous en sortons bien mais nous pouvons encore développer nos relations économiques. »
Jayson Myers souligne que le pavillon canadien au hall 2 met l’accent sur l’écosystème innovant du Canada. Outre les universités et les écoles supérieures, il y a une section sur le quantique, l’informatique quantique (l’exploration plus rapide des matériaux, notamment pour les batteries) et une quinzaine de startups. Le hall 7 est dédié à la robotique, à l’automatisation et aux systèmes de vision. Le public pourra tenter de déjouer un robot gardien de but de hockey sur glace, développé par des étudiants d’une école supérieure.
Il y a également un concours de mécatronique pour les étudiants. Festo, actif au Canada depuis 50 ans, est l’un des sponsors. Le pavillon numérique au hall 17 est consacré à l’IA, au quantique, aux réseaux et à la cybersécurité. Dans le hall 13, il sera question d’énergies alternatives : les biomatériaux, la géothermie et l’hydrogène. Le hall 12 accueillera un forum d’investisseurs.