3DExperience 2025: à propos des robots humanoïdes (2)

Lors du dernier 3DExperience World Event à Houston (TX), on a beaucoup parlé des robots humanoïdes. Nous y avons rencontré Marc Raibert, le fondateur de Boston Dynamics et actuellement directeur exécutif du Robotics and AI Institute (RAI).

Mots clés: #3D, #humanoïde, #robot

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Technologie

( Photo: LDS )

ENGINEERINGNET.BE - Le RAI est actif dans l’apprentissage automatique, l’apprentissage par renforcement,  … et aspire à devenir le “Bell Labs” des robots. Le groupe ‘Ethics & Policy’ étudie les individus et leur relations avec les robots. D’après Marc Raibert, les robots doivent devenir plus intelligents, plus agiles et plus maniables, bref plus faciles à utiliser et plus productifs pour que les individus puissent les accepter et travailler avec eux.

« J’aime la robotique », lance Marc Raibert. Sa carrière a commencé il y a cinquante ans lorsqu’il a observé comment un robot ressemblant à un crabe se déplaçait maladroitement. En 1992, il fonde Boston Dynamics depuis le Massachusetts Institute of Technology (MIT). En 2005, son travail aboutit au fameux BigDog de 110 kg, le quadrupède militaire fonctionnant à l’essence, destiné à devenir une ‘mule’.

La DARPA ne donne pas suite au projet. « Des jambes permettent d’aller plus loin que des roues. » D’après Marc Raibert, le succès de Boston Dynamics réside dans le fait que l’entreprise a rapidement compris qu’il était nécessaire de faire bouger les robots non pas ‘statiquement’ mais ‘dynamiquement’, en d’autres termes d’utiliser leur propre dynamique de mouvement pour avancer. BigDog est équipé de gyroscopes et de capteurs qui mesurent et ajustent ses mouvements et sa stabilité en permanence.

Boston Dynamics a notamment développé le chien robot Spot et le robot humanoïde Atlas. Omnidirectionnelle, Spot est une plateforme pouvant embarquer divers équipements – caméras, laser, radio, etc. « Lorsque nous avons commercialisé Spot, nous ne savions pas comment il serait utilisé », explique Marc Raibert. Au début, seuls les chercheurs l’utilisaient dans leur recherches.

« Nous avons testé Spot auprès de patients pendant le covid. Nous avions Spot à Tchernobyl. À Fukushima, deux Spot ont été les premiers à pénétrer dans le réacteur 4. Les services de police font parfois appel à Spot pour faciliter la communication en cas de situation dangereuse … » Plus de 2.000 exemplaires sont aujourd’hui sur le terrain.

Atlas, le robot humanoïde de Boston Dynamics, était à l’origine alimenté par un système hydraulique mais il est aujourd’hui totalement électrique. Le robot peut être utilisé pour placer des pièces dans un rack d’une ligne d’assemblage, par exemple. « Avec SolidWorks, nous avons pu réduire son poids de plus de la moitié – de 350 pond (159 kg) à 160 pond (73 kg) – par l’intégration de systèmes et l’optimisation du concept. » Un nouvel Atlas est en cours de développement.

Les robots humanoïdes sont développés aux Etats-Unis (Boston Dynamics, Agility, Figure, Tesla, Apptronik,…), en Europe (NAO/Fr, Amica/UK, PAL/Espagne, 1x/Norvège, DLR/Allemagne) et surtout en Chine. « Il se passe tellement de choses et le battage médiatique est énorme », constate Marc Raibert. « Pour beaucoup, les robots humanoïdes doivent avoir deux bras, deux jambes et un visage.

Pour moi, ce qui compte, c’est leur polyvalence et leur dextérité, non seulement au niveau des mains mais de tout le corps. Il y a également l’intelligence générale et la capacité d’apprentissage. . (…) Un robot humanoïde, c’est un robot qui a une compréhension sémantique de son environnement, qui est intelligent et polyvalent. Il possède une intelligence athlétique qui allie le physique à l’intelligence. Il est capable de voir, de comprendre et d’agir », poursuit Marc Raibert.


Marc Raibert remarque que les développeurs de robots humanoïdes - Apptronic, Figure AI, Boston Dynamics,…- sont liés d’une manière ou d’une autre à des constructeurs automobiles. Cependant, il ne croit pas que les robots humanoïdes soient réellement destinés à la production automobile, même si les deux images sont associées. « Il existe de nombreuses tâches banales que les robots pourraient accomplir. » Les robots sont déjà utilisés avec succès dans les entrepôts. Et les robots domestiques ? 

« C’est l’un des environnements les plus difficiles et les plus incertains, avec des exigences de sécurité élevées. Le robot ne doit blesser personne. Le coût sera donc élevé, et cela prendra du temps. » Le robot de surveillance Astro d’Amazon est évoqué, mais Marc Raibert voit plus loin. Il imagine par exemple des machines capables de prendre soin des personnes. Avec la baisse de la croissance démographique et le faible taux de reproduction, il n’y aura pas assez de personnes pour s’en charger …

Le fabricant de robots chinois Unitree – qui a développé avec l’Unitree Go1 son ‘chien robot’ mais aussi un humanoïde avec l’Unitree G1 – est-il plus un concurrent ou un collaborateur de Boston Dynamics? « Nous utilisons leurs robots dans notre laboratoire. Ils font un travail remarquable. Il existe toutefois de nombreuses différences entre nos robots. »

Quelles sont les prochaines étapes? « La communauté d’apprentissage ne se focalise pas assez sur les bonnes choses », estime Marc Raibert. « La dextérité du robot doit être améliorée. On en est encore au stade de la ‘préhension’ – avec des préhenseurs – plutôt qu’une motricité fine et de la mobilité. L’apprentissage va sans aucun doute jouer un rôle à cet égard. Tout comme les tests en conditions réelles. »

« De nombreux médias s’inquiètent des risques liés à l’IA. Il convient de trouver un équilibre entre les risques et les opportunités. L’IA peut résoudre autant de problèmes qu’elle en crée », reconnaît Marc Raibert. Il en va de même pour les modèles de langage. « Au début, ils avaient énormément d’hallucinations, mais maintenant … ».

Faut-il craindre que les robots prennent un jour le contrôle du monde ? « L’intelligence artificielle générative (AGI) est un sujet complexe », admet Marc Raibert « Y a-t-il des personnes plus intelligentes que vous ? Oui. Cela vous effraie-t-il ? Non. Alors, pas de panique. »

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